"L’héritage Tabu, c’est pour tout le monde mais l’héritage Ley, c’est pour moi"

Le 24 janvier dernier à l’institut français, Pegguy Tabu était de retour à Kinshasa pour un spectacle en la mémoire de son légendaire père, Tabu Ley. Le prince Ley a tenu à rendre hommage à son père en montant un spectacle dénommé « Héritage Ley », une façon pour lui d’honorer la mémoire du roi de la rumba congolaise mais également de perpétuer ses œuvres. L’équipe de voilà night l’a rencontré après cet événement. Pegguy Tabu nous parle de sa vision de vie ainsi que de son futur album qui est en préparation.
Voilà : quelles sont tes impressions après ce spectacle « Héritage Ley » que tu viens de livrer à la halle de la Gombe ?
Pegguy : Franchement, c’est un pari réussi. Nous avons fait, moi et mon groupe, un parcours très fort sur différents secteurs de la ville de Kinshasa. Nous avons fait danser plus de dix mille personnes sur la place de la reconstruction, l’ex échangeur de Limete. C’était un concert pour un large public. Et à l’institut français, nous avions voulu convier les gens d’un autre standing pour un spectacle adapté à leur niveau. Nous avons voulu honorer la mémoire du seigneur Rochereau Tabu Ley en essayant de garder notre identité, donc avec une touche un peu plus jeune. C’était un grand défi ; j’ai l’impression que c’est un pari réussi. Enfin, j’aimerais aussi entendre l’avis des autres par rapport à ce spectacle.
Voilà : tu as vécu toutes tes années à l’extérieur du pays alors que la musique que produisait Tabu Ley, ton père, était beaucoup plus consommée ici en RDC. Tu es intronisé comme un prince qui hérite de cette musique, la rumba congolaise mais comment comptes-tu t’y prendre ? Vas-tu renoncer à l’Europe pour satisfaire ce public de la RDC ou comptes-tu regagner l’Europe ? Quelle est ta position actuellement ?
Pegguy : je suis de retour à Kinshasa, et ce sera pour toujours. C’est vrai que j’ai aussi un public européen et je me dois de l’honorer. En fait, pour ce qui concerne ma musique, il faudrait savoir qu’elle n’est pas faite que de la rumba. Ma musique est un mélange de divers styles et de tout ce que je suis. Ça ne change pas le fait que je reste Kinois ; et de surcroit, fils de Tabu Ley. Donc, forcément cette tendance musicale va se retrouver dans mon futur album. Je suis aussi le frère de Youssoupha ; nous avons travaillé dans le même milieu, je veux dire dans la musique urbaine. Au final, ma musique a une coloration un peu mitigée, et c’est ce qui fera mon identité. J’aime souvent dire que « la musique ne fait pas l’artiste, c’est plutôt l’artiste qui fait la musique ». Un rappeur peut poser sur la salsa, ça reste un rappeur. On ne va dire, du jour au lendemain, qu’il est devenu un chanteur de salsa. Moi, je m’accapare de la musique, je la possède ; je m’y installe et j’y mets du Pegguy Tabu. Aujourd’hui, j’insère la rumba dans mon univers musical, mais avec mon identité pour un public varié. Je chante pour tout le monde.
Voilà : peut-on connaitre l’intitulé de ton album puisque tu en as parlé ? Et c’est pour quand sa sortie ?
Pegguy : l’album s’appelle « Parmi des milliers » et sa sortie est prévue pour le mois d’avril, si tout va bien. Il pourrait être précédé de quelques singles qui sont déjà prêts. J’attends un moment bien stratégique et puis des partenariats qui doivent s’officialiser très bientôt afin de confirmer la date. Tout va vraiment se jouer au mois d’avril.
Voilà : comment entrevoies-tu l’héritage musical Tabu ? Penses-tu que ce soit uniquement réservé aux fils biologiques de Tabu Ley ou pourra-t-il être un peu plus ouvert ?
Pegguy : L’héritage Tabu, c’est pour tout le monde mais l’héritage Ley, c’est pour moi. (Rire)
Voilà : que veux-tu dire par là ?
Pegguy : ne le prenez pas au sérieux. C’était une façon de faire un jeu de mots. L’héritage Tabu ou l’héritage Ley, ça reste le même pour tous les amateurs de la musique du seigneur Ley. Cet héritage est pour tous ceux qui ont grandi avec cette musique ; c’est également pour tous ceux qui s’en sont inspirés. Demain, mêmes mes enfants s’en inspireront s’ils veulent suivre la carrière musicale. C’est un héritage ou mieux un patrimoine du Congo et pour tout le monde.
Voilà : quel est actuellement ton programme ?
Pegguy : je suis là pour l’instant mais je partirai pour l’Europe normalement après les fêtes des amoureux pour finaliser l’album. J’en aurai pour trois semaines à Paris. Et puis j’irai le mixer et le masteriser aux Etats-Unis ; ça pourrait me prendre aussi deux ou trois semaines. Après je reviens à Kinshasa puisque je compte y installer mon quartier général. Je voyage beaucoup mais je suis là. J’aimerais juste dire aux Kinois ou aux congolais de manière générale, de ne pas s’inquiéter. Je suis de retour en force. Pour l’instant, mes répétitions se passent tous les mardis et jeudis au triple M sur Nguma à Ngaliema. C’est un endroit connu. Si vous voulez nous voir ou si vous voulez nous soutenir de quelques façons que ce soient, moralement, financièrement ou matériellement ; c’est là que vous pourriez nous trouver. Au cas où je ne serais pas là, vous trouverez mon orchestre. Moi et mon groupe, nous allons vous donner le meilleur. Soyez avec nous!